L’Europe et les enseignements libyens

La Revue Nouvelle, décembre 2011

A la lumière de l’intervention en Libye et alors que l’intervention de l’Otan sous l’égide de l’ONU vient de se terminer, nombre de commentateurs semblent (re)découvrir la faiblesse stratégique de l’Union européenne. Cela soulève deux interrogations.

La première, souvent esquivée, est relative à la politique étrangère de l’Union européenne et de ses Etats membres au cours de ces dernières décennies. La seconde concerne la nécessité pour l’Union de disposer – ou non – d’institutions et d’instruments pour décider et mettre en œuvre des opérations de maintien ou de rétablissement de la paix. Lire la suite

Un pilote pour l’Europe

Libertiamo.it, les 18/19 novembre 2011

La Grèce semble le principal problème à l’ordre du jour à Francfort et à Bruxelles. Pourtant il n’a été que le détonateur – et certainement pas la cause première – de la crise politique actuelle, y compris, dans sa dimension institutionnelle européenne.

La crise du continent est double : nationale et européenne. Elle appelle donc deux niveaux de résolution. Au niveau des Etats-membres en difficulté, à commencer par la Grèce, il s’agit de mettre en œuvre des réformes structurelles profondes et garantir sa propre solvabilité. Contrairement à ce qui l’on entend souvent, ce n’est pas le niveau d’intervention le plus difficile. Cela peut réussir ou pas, mais si la Grèce (et l’Italie) réalise les réformes nécessaires, donnera une bonne contribution à elle-même et à l’Europe. Par contre, c’est au niveau européen que résident les principales difficultés. Pour une raison en particulier : elle passe par l’abandon de la vision intergouvernementale de la construction européenne, qui plus est, dans la version paroxystique que nous lui connaissons aujourd’hui telle qu’incarnée dans un Conseil européen omni-puissant et omniprésent. Lire la suite

Quel président pour la Banque Centrale Européenne ?

La Libre Belgique, le 12 février 2011, supplément Libre Entreprise. Opinion

Les timides signes d’embellie économique ne doivent pas nous tromper. La crise n’est pas encore derrière nous. L’Espagne et surtout le Portugal continuent à faire les choux gras des agences de notations. Les marchés estiment la Grèce insolvable à terme, rappelant par là, sans bien sûr le dire, que les taux pratiqués à l’égard de ce pays s’apparentent à de l’usure moderne. 2011 et 2012 risquent donc de ne pas être de tout repos. Et quand bien même 2011 signerait-elle le début de la fin de la crise de ces quatre dernières années, l’Union européenne (et en particulier la zone euro) demeurerait structurellement fragile. Difficile en effet de considérer les réformes réalisées pour importantes qu’elles soient, comme suffisantes, en ce compris l’institution du Fonds Européen de Stabilité Financière qui n’est guère qu’une extension à 16 pays de mécanismes de garanties déjà pratiqués par deux ou trois pays à la fois.

En dépit donc d’avancées certaines opérées au coup par coup au cours de ces deux dernières années, la question des règles, des instruments et des institutions indispensables au fonctionnement de l’Union économique et monétaire est loin d’être épuisée. Lire la suite

Crise grecque : sortir par le haut

La Libre Belgique, le 7 mai 2010

Comment rétablir la confiance entre pays de la zone euro et affronter la question des traficotages des comptes par la Grèce (et d’autres)? Mettons en place des critères comptables communs et créons un corps européen de Réviseurs des Comptes chargé de vérifier chaque année la comptabilité des Etats membres.

Plus encore que la situation pourtant extrêmement grave de la Grèce, ce sont désormais les réactions – et les non réactions – de l’Union européenne et de ses pays membres qui ont de quoi susciter les pires inquiétudes. Un des derniers exemples en date, la réaction du Ministre belge des Finances, Didier Reynders. Pour qui il n’est nul besoin de créer un Fonds Monétaire européen. Tout au plus, selon lui, ce dont on aurait besoin serait de « disposer à l’avenir d’un mécanisme de décision plus collégial pour traiter ce genre de problème« . Sans autre détail. A le suivre, cette opération de sauvetage serait en fin de compte une bonne affaire pour la Belgique. On veut bien le croire. En empruntant à un taux de 3 ou 3,5 % sur les marchés et en prêtant à la Grèce à un taux 5 ou 5,5 %, la marge est bonne. La Belgique prêtant aux alentours d’un milliard d’euros, le « risque » pris devrait rapporter au Trésor belge de 15 à 20 millions d’euros l’an. Pas mal pour une opération Saint-Bernard ! Dans une telle optique, il ne reste au Ministre Reynders qu’à espérer que ce que l’on annonce se confirme. Que la Grèce doive emprunter à nouveau 30 milliards l’année prochaine, et 30 autres milliards l’année d’après. Lire la suite