Ukraine : penser européen

Bernard Barthalay 1, Olivier Dupuis

Le HuffingtonPost.fr, 26 septembre 2014, Strade, 29 septembre 2014, GeoPolitica, décembre 2014

Un des éléments les plus consternants dans la manière dont l’affaire ukrainienne est généralement abordée, c’est la constance avec laquelle la question de la nature fondamentale du régime politique du pays agresseur est occultée. Certes la Russie d’aujourd’hui n’est pas l’Urss stalinienne ni même brejnévienne, ni l’Allemagne nazie, ni l’Italie fasciste, ni non plus la Chine bolchévique-confucéenne. C’est un peu de tout ça et c’est, en même temps, « tout autre chose ». Un pouvoir d’un type nouveau, étonnamment moderne, qui a remplacé le parti unique, structure centrale du régime précédent, par les structures de force (services secrets en premier lieu), en vidant progressivement les structures démocratiques des années 90 de leur substance. Lire la suite

Notes:

  1. professeur émérite à l’Université Lumière (Lyon 2), chaire Jean Monnet d’économie de l’intégration européenne, président de Puissance Europe/Weltmacht Europa

Mistrals to defend Europe

Le HuffingtonPost, 8 août 2014, Strade, 8 août 2014

Non-existence of a European strategy: Act 1. In April 2008, at the NATO summit in Bucharest, France and Germany opposed the integration of Georgia into NATO. A few months later, the Russian army invaded South Ossetia and marched towards Tbilisi, the Georgian capital. The offensive stopped suddenly.

Was it the result of the (some would say late) intervention of Nicolas Sarkozy, President of the EU at the time, or the consequence of a previous effort of American diplomacy? The question remains unanswered. Nevertheless, by recognizing the independence of South Ossetia and Abkhazia, the Russian authorities carried out the integration/annexation of these two territories under another guise.

Shortly after that, in 2011, President Sarkozy – in spite of insistent warnings 1 – decided to sell two Mistral-class assault carriers to Russia. Lire la suite

Notes:

  1. Mostly from philosopher André Glucksmann

Les Mistrals pour la défense de l’Europe

Le HuffingtonPost, 8 août 2014, Strade, 8 août 2014

Inexistence stratégique de l’Europe, Acte 1. En avril 2008 au sommet de l’Otan à Bucarest, la France et l’Allemagne s’opposent à nouveau à l’intégration de la Géorgie dans l’alliance atlantique. Quelques mois plus tard, l’armée russe entre en Ossétie du Sud et avance vers Tbilissi, la capitale géorgienne. Pourtant soudainement l’offensive s’arrête. Etait-ce grâce à la médiation (tardive selon certains observateurs) de Nicolas Sarkozy, président en exercice de l’Union européenne, ou en raison d’une précédente intervention diplomatique américaine ? La question demeure. Il reste qu’en reconnaissant les « indépendances » de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, les autorités russes ont procédé à une intégration-annexion qui ne dit pas son nom de ces deux territoires. Il reste également que quelque temps plus tard, en 2011, le Président Sarkozy a décidé, en dépit de pressantes mises en garde 1, de la vente de deux navires de projection et de commandement de type Mistral à la Russie. Lire la suite

Notes:

  1. Notamment de la part du philosophe André Glucksmann

Un autre chemin vers une politique européenne de sécurité (2)

Le HuffingtonPost, 26 septembre 2012, Presseurop, 4 octobre 2012, Libertiamo, 5 octobre 2012

Commençons par écarter le postulat selon lequel la politique européenne de sécurité et de défense devrait se construire à partir de « l’acceptation par leurs partenaires (du) leadership (français et britannique) dans ce domaine ». 1 Les avancées dans le processus européen d’intégration ne se sont jamais produites sur cette base. Non que les « petits » Etats membres ne reconnaissent le « poids » des « grands », mais la force du mécanisme d’intégration communautaire a été, précisément, d’articuler ces différences, en permettant à chacun, « petits » et « grands », de trouver pleinement leur place. Lire la suite

Notes:

  1. « L’Europe reste le principal partenaire des Etats-Unis mais doit affronter deux défis », Yves Boyer (FRS), LeMonde.fr, 19 janvier 2012

La Syrie et l’insoutenable faiblesse stratégique de l’Europe (1)

Le HuffingtonPost, 25 septembre 2012, Libertiamo.it, 4 octobre 2012, Presseurop, 4 octobre 2012

Alep, Damas, … corps jonchant les rues, quartiers éventrés, bombardements aveugles, … Images et récits intolérables qui nous renvoient directement aux heures les plus sombres de Sarajevo et de Grozny. Urbanicides. Et rien ne semble bouger. Les Etats-Unis sont en campagne électorale. Quant aux Européens, quand bien même voudraient-ils intervenir, ils ne le pourraient tout simplement pas. Car, comme le souligne le général français Jean Fleury, « pour la Syrie, la chanson n’est pas la même (que pour la Libye). (…) Nous ne sommes pas en mesure de l’affronter. » 1 Lire la suite

Notes:

  1. « Syrie : pas d’intervention ! Les forces françaises ne peuvent affronter Damas », Général Jean Fleury, Le Monde, 24 août 2012